Université de Sherbrooke, Sherbrooke (QC)
Vocation des lieux : pavillon des sciences de la vie

Aluminium; base en béton; éclairage led.

Description

Lorsqu’on accède de l’extérieur au Pavillon des Sciences de la vie, se dresse sur la gauche une sculpture monumentale de forme organique faite en aluminium. L’aluminium fait écho à certains éléments du bâtiment tout en évoquant le high-tech lié de près au monde des sciences. La verticalité de la sculpture et sa forme sinueuse participent à une complémentarité formelle avec les cheminées de ventilation; avec les courbes de la paroi fenestrée de l’atrium, de la terrasse et du chemin qui y mène. La sculpture mesure six mètres et se dresse en une longue tige qui se termine en spirale comme un jeune spécimen de fougère. Le sommet est entièrement couvert d’écailles comme celles d’un poisson évoquant à la fois les règnes: végétal et animal. La tige est formée de six facettes dont les latérales sont divisées par une arête centrale où alternent de petites demi-sphères en relief. Si l’on s’approche, chaque sphère est en fait une représentation de coquillage. Le soir, la veilleuse s’allume à la tombée du jour. La tête de la sculpture est éclairée de l’intérieur d’où émane une lumière blanche, qui glisse le long des parois des écailles ainsi que sous les sphères. Cette lumière suit le rythme d’une douce pulsation jouant avec les intensités lumineuses et les tonalités de blancs chauds et froids. La sculpture, comme une veilleuse projette au sol une lumière. Celle-ci change de couleurs décrivant des variations de bleus qui, comme un poème, prête vie à de nouvelles images : la mer, le ciel, l’infini. Cet élément de composition révèle une analogie avec l’outillage technogique qui assiste le regard du scientifique lui permettant d’accéder à la diversité des formes de la vie qui se dévoile sous la lumière. Figure des sciences de la vie, la veilleuse demeure simple et à la fois complexe par ses détails et la diversité des contenus se référant à la vie qui l’anime. La veilleuse s’active selon un cycle diurne et nocturne, clin d’oeil à la photosynthèse, mais surtout à l’image de la vie qui suit les cycles du temps. Le chercheur sous la veilleuse se table à l’affût des idées nouvelles.

Thème de la sculpture

J’ai recherché dans un premier temps, une forme qui évoque la vie, le monde organique et le mouvement. La spirale symbolise bien cette idée par la révolution de la courbe autour d’un point concentrique dont elle s’écarte de plus en plus. Plusieurs formes vivantes adoptent la spirale comme structure par exemple certains coquillages ou certains organismes unicellulaires, mais encore, la spirale est aussi la configuration des forces des éléments et ces possibles infinis : les remous de l’eau; les cyclones; les galaxies. La sculpture proposée aux allures de fougère évoque la nature savante avec ses constructions de formes géométriques de la vie. L’enroulement de la vie lente et continue qui s’élance. À ce propos, la fougère est un spécimen de prédilection dans l’analyse de la dimension évolutive des formes vivantes. Objet d’observation pour l’étudiant ou le visiteur, cette sculpture combine un étrange amalgame entre les éléments architecturaux des lieux, la technologie et la nature ! Belle découverte, l’époque dévonienne se nomme aussi âge des fougères. Mais que dire de celle-ci dont la nature hybride et pulsative témoigne de l’âge des technologies et qui, de son oeil lumineux pointe l’infini ? La monumentalité de la sculpture et ces disproportions avec le réel servent d’illustration des rapports différenciés de l’analyse en biologie et des résolutions d’échelle. Cette sculpture d’aluminium munie d’écailles, de coquillages ou de sporanges lumineux évoque tour à tour les technologies, la biologie, la culture et la nature. Les sporanges, système de reproduction des fougères, sont remplacés par des petits coquillages disposés le long de la tige de la sculpture. Le soir venu, comme des petites lentilles, ces formes se découpent sur un halo lumineux dont l’intensité varie de façon très subtile. La lumière appuie cette image des mécanismes de transmission de la vie. Elle s’épand aussi sous les écailles de la tête inspirant, expirant des scintillements monochromes de blanc. De son oeil, la sculpture projette au sol des variations de teintes lumineuses : passant des bleus de mer aux bleus azurés. Ces nouvelles évocations s’interposent à l’idée de dissémination de la sporée. Elle vient rompre la simplicité des liens témoignant de ces brisures, de ces incertitudes nécessaires à l’avancement de la recherche. Elle ajoute à la dimension de recherche et ses résonnances multiples que l’oeuvre tend à produire. La lumière qui émane de la veilleuse évoque la réflexion, l’intimité du regard du chercheur, de celui qui analyse. Image de la présence et de la vivacité de l’esprit, sous la lumière jaillit un monde infini de découvertes.