
Vocation des lieux : Salle de spectacle
Plaque d'aluminium gravée, vernie et sérigraphiée.
Salle Dussault, Thetfordmines, Québec (QC)
Description formelle
Lorsqu’on se dirige vers la Salle Dussault, on passe par la Polyvalente de Thetford Mines. L’un de ses corridors sert aussi de hall à la salle de spectacle. À chaque extrémité des neuf rangées de casiers des étudiants, sur des surfaces faisant près d’un mètre par deux mètres, ont été installés des panneaux dont le chatoiement des traitements de l’aluminium brossé, poli et gravé est mis en valeur par la complémentarité des couleurs : bleu et jaune.
J’ai privilégié le motif de l’arbre dont la verticalité du sujet fait écho aux colonnes architecturales qui partagent l’autre côté de ce passage.
Sept silhouettes d’arbre ont été taillées dans l’aluminium. Comme un bas-relief, l’écorce y est gravée par un procédé numérique. Le motif de l’écorce résulte d’un travail à partir de documents photographiques.
Ces découpes, légèrement polies, miroitent au centre de sept panneaux d’aluminium brossé. Deux de ces arbres ont les cimes dirigées vers le bas comme des racines. Sur les autres panneaux, les cimes ascendantes des arbres se détachent des couleurs irisées jaune ou bleu.
Deux sérigraphies complètent cette installation murale. L’une, dans les tons de bleu, présente un arbre muni de racines ayant la forme d’une main. L’autre dans les tons de jaune, dévoile la même image inversée. L’arbre devient racine et la main devient l’arbre. Ces inversions, clés de lecture de la murale, donnent le rythme à ce parcours.
Ainsi, l’alternance du motif (arbre et racine), de ces couleurs (bleu et jaune) et de ces textures (brossées et gravées) propose une occupation dynamique du corridor de la Polyvalente.
Ludique, la lecture de cette oeuvre se fait par ces jeux de va-et-vient entre les éléments de construction et les symboles. Le sentier s’anime sensible à chaque instant aux miroitements colorés des passants.

Thème de la sculpture
La thématique, de cette intégration artistique murale, gravite autour de la figure archétypale de l’arbre : entre ciel et terre; entre cime et racine; entre les creux et les reliefs de l’écorce; entre l’homme et la nature.
Enraciné solidement à la terre, l’arbre est un symbole de vie et de sagesse. L’image de l’arbre inversé ‘’est le signe de la co-existence, dans l’archétype de l’Arbre, ou schème de la réciprocité cyclique ’’ *.
Deux sérigraphies empruntent au style des planches encyclopédiques afin de nous introduire à l’idée de questionnement. Sur l’une, une main est munie de racines. Sur l’autre, un arbre a pour racines une main. Ces dessins proposent l’alternance des racines humaines et végétales comme idée d’une intégration harmonieuse de l’homme et des règnes vivants. La richesse des savoirs de l’homme lui permet de contribuer à l’équilibre de la vie !
La répétition du motif de l’arbre crée une présence silencieuse et apaisante qui nous retire, un instant, de la cohue des activités courantes. Aire de circulation entre les heures de cours, à la récréation ou les soirs de spectacle, cette allée se veut accueillante comme un hôte au visage doux et familier.
Le motif répété de l’arbre ponctue la marche de celui qui déambule comme une pulsation de vie. Le sentier est un lieu de rencontre de tous les instants à l’image de ces allées et venues, de ces cimes et de ces racines qui modulent chacun de nos pas.
* Gilbert Durand. L’imagination symbolique. Paris, P.U.F., 1966.