Description formelle

Le Centre multiservice de Shipshaw est doté d’un seul étage qui épouse harmonieusement le paysage environnant.  On a fait place à la noblesse des matériaux locaux : du bois et de la pierre.  On a mis en valeur la présence de la lumière naturelle et la beauté du boisé dont les larges fenêtres partagent la proximité.
Je propose une œuvre qui fait écho à la composition architecturale dont les espaces intérieurs dialoguent avec l’espace extérieur.  Devant le bâtiment, la surface gazonnée est ponctuée de trois placettes circulaires couvertes de pierres de rivière.  Au centre de chacune est disposée une pierre moraine de près de 3 tonnes et dont les dimensions varient de 3 x 3.5 x 2,5’.  L’œuvre est inspiré des rivières et plus particulièrement du mouvement des ondes qui se forment à la surface de l’eau par la pluie ou le jeu du ricochet*.   Ce mouvement est souligné par un sentier sinueux couvert de pierres de rivière qui traverse l’espace de l’œuvre du stationnement vers l’entrée.
Vue de l’intérieur du hall, l’étalement de plans, créé les trois pierres, forme un paysage à la manière d’un tableau dont l’imagerie rappelle la topographie des lieux, le Fjord.  Cinq sculptures au motif de feuilles et de poissons sont découpées dans l’aluminium ¾’’. Poissons et feuilles sont courbés, relevés, couchés ou pliés de manière à créer d’amusantes assises.  Ces sculptures sont placées autour des pierres comme si elles suivaient le courant naturel dessiné par le mouvement de l’eau.
Les sculptures faites d’aluminium ont un fini naturel brossé et offre des qualités de brillance et de lumière.  Le fini naturel de l’aluminium et de la pierre s’harmonise aux matériaux choisis pour la construction du bâtiment.
Devant le Centre Multiservice de Shipshaw, ces sculptures sont accueillantes, invitent à s’asseoir, à se grouper et à bavarder.   Destiné à tous les âges, cet aménagement s’inscrit dans la tendance des salons urbains qui met fin à l’isolement des bancs publics en les regroupant pour créer une concentration de vie dans l’espace public* (ADUQ, Association du Design Urbain du Québec).
Figurative et symbolique, la sculpture se décline en petits îlots poétiques et conviviaux. Elle propose une expérience kinesthésique des lieux en faisant écho à la rivière.  Ondine, être rivière.  Thème de la sculpture Les usagers du Centre multiservice de Shipshaw sont de tout âge.  Ils y viennent principalement pour partager avec leurs amis des moments de loisirs.  C’est pourquoi j’ai privilégié une composition sculpturale ludique.  Les jeunes et les moins jeunes pourront emprunter le parcours de l’œuvre allant à la découverte de ses sculptures feuilles et poissons sur lesquelles on peut se poser.   J’ai privilégié une imagerie simple et familière qui fait écho à l’architecture et à l’environnement : forêt, montagnes, rivières.
Déposées au sol, les pierres rappellent selon le point de vue les montagnes du Fjord ou ces cailloux que l’on fait ricocher à la surface de l’eau.  Les feuilles symbolisent la forêt qui occupe une place importante au cœur des activités sociales et économiques de Shipshaw.  La truite et le saumon soulignent la vivacité des rivières.  Chaque sculpture est ajourée de motifs de structure complexe dessinée à partir d’observation de la nature : ondes de l’eau ; nervures de feuilles.  Les nervures de la  feuille ou les arêtes de poisson normalement délicates et fragiles deviennent, à cette grande échelle, les charpentes de bancs sculptures.
La dimension des feuilles et des poissons de près de 6’ nous fait vivre une expérience ludique à la manière d’Alice aux pays des merveilles.  Qu’en est-il donc de notre rapport à la nature ?  On se sent souvent petit ou parfois bien grand lorsque l’on tente de domestiquer la nature.
Les sculptures sont disposées de manière à occuper davantage un plan horizontal du lieu qui s’harmonise avec les lignes du bâtiment sans faire ombrage à l’enseigne de la façade.   L’hybridité des sculptures poissons-feuilles ; feuilles-poissons qui gravite autour de pierres participe à créer un espace dynamique qui invite à saisir l’ensemble de l’œuvre par une lecture circulaire ; un va-et-vient de l’une à l’autre, un mouvement.
Les poissons, les feuilles semblent bondir, surgir ou se déposer au sol.  L’usage de pierres de rivière participe à l’imagerie proposée.  L’œuvre invite à jouer, à se poser, à prendre le temps. Celui du plaisir d’être ensemble, de se grouper.
Ondine, être rivière prolonge le dialogue des espaces intérieurs vers les espaces extérieurs du Centre Multiservice de Shipshaw. Elle propose aussi un dialogue avec la nature.

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