Commande de la Ville de Québec de quatre repères commémoratifs soulignant l'accréditation des 50 ans de ses arrondissements historiques

Lieu : Angle de l'avenue Royale et du boul. François-de-Laval, Beauport.

Lieu :Parc de la Commune, Charlesbourg

* Wikipédia : le totem (mot des natifs Ojibwé de l’Amérique du Nord)
est un être mythique (généralement d’espèce animale, parfois végétale) considéré dans les sociétés traditionnelles ou dites primitives comme l’ancêtre éponyme d’un clan.

Texte gravé comme suit

Description formelle

La Ville de Québec souligne les 50 ans de ses arrondissements historiques : Beauport ; Charlesbourg ; Sillery et Vieux-Québec.

Quatre repères commémoratifs artistiques sont élaborés de manière à témoigner des particularités patrimoniales de chaque lieu. Ils sont constitués d’éléments figuratifs qui évoquent tour à tour le patrimoine bâti ; religieux et humain.  On y retrouve aussi certains éléments qui rappellent les richesses naturelles ainsi que l’occupation principale des bâtisseurs spécifiques à chacun de ces territoires. 50 ans passés et nous laissons derrière nous l’empreinte de ‘’la suprématie des clochers’’ qui se trouvent au sommet de chaque sculpture comme témoin de notre héritage culturel et religieux.

Les éléments figuratifs sont empilés comme un totem créant une figure hybride à la fois symbolique et mythique : pierre, roues, charrette, chevaux, maison, église, clocher, ailes et fougères…  Mesurant près de deux mètres de hauteur par une largeur ne dépassant pas 36’’, chacune de ces sculptures est juchée sur un socle de pierres en forme de pyramide tronquée qui les surélève d’un peu plus d’un mètre du sol.  Comme l’arbre et ses racines, la pierre est choisie, intégrée et travaillée de façon significative pour chaque lieu*.

Les sculptures sont faites d’un assemblage de pièces découpées avec précision par procédé numérique dans l’aluminium : 5/8’’ d’épaisseur pour les pièces les plus basses qui supportent des pièces de 1/2’’ vers  1/4’’ pour celles situées au sommet.  Elles sont ensuite soudées de manière à créer des volumes ajourés mettant en évidence la structure qui les compose.

Les volumes, ainsi dessinés dans l’espace tridimensionnel à partir de jeux de lignes, se fondent selon le point de vue.

La lumière du jour se dépose sur les entrelacements de lignes argentées. Comme un kaléidoscope, chaque interstice se colore des miroitements de l’aluminium et du paysage environnant.

L’échelle humaine, de ces sculptures, invite à vivre une expérience sensible des lieux. L’idée de proximité est importante puisqu’elle engage le dialogue avec les gens.  Ainsi, tour à tour ceux qui visiteront les quartiers patrimoniaux découvriront des similitudes entre chaque œuvre. Il est amusant de penser que les quatre œuvres ne seront pas données à voir en même temps. Seul l’exercice de la mémoire, nous permettra de saisir cet esprit de famille, cette parenté qui les unit.
*Empreintes & mémoire, les arrondissements historiques de Sillery, Beauport et Charlesbourg. Texte de Suzel Brunel et Sylvie Lacroix. Les publications du Québec. p.160.

*Les pierres à bâtir dans les constructions anciennes au Québec. Publié par Géologie Québec, 2003.

Thème de la sculpture

Les repères commémoratifs sont des marqueurs du temps, de l’histoire de la Ville de Québec et ses arrondissements historiques.  Composés de figures imbriquées, ils évoquent cette communauté de gens fortement liée par leur histoire, par la famille, par leur métier. Chaque sculpture se compose d’images qui perdurent et s’inscrivent comme ancrages intemporelles de notre histoire. Elles participent indéniablement à notre identité québécoise.

Faites par étagement, elles évoquent l’histoire des lieux et des gens d’ici : le début de la colonie ; les terrasses géologiques, les carrières de pierres ; l’agriculture ; la première voie carrossable ; l’implantation des villages, ses maisons et bâtiments religieux sans oublier ses liens à la nature : ses forêts et ses rivières.

Les références proviennent d’une interprétation iconographique. Elles revêtent une charge identitaire spécifique à chaque site dont voici les principaux éléments.

Le travail délicat et méticuleux de la sculpture ainsi que la base de pierres montées par un artisan maçon, font éloge au savoir-faire des artisans bâtisseurs de la Nouvelle-France et de ces ouvriers.  Juchés sur les terrasses de la côte de Beauport et surplombant le fleuve, une route, des maisons, des chevaux, des églises, avec la nature ne font qu’un.

La sculpture est déposée sur une base composée de bâtonnets de pierre Château-Richer 5 x 12’’ au fini éclaté. Cet ouvrage, de maçonnerie traditionnelle, souligne l’omniprésence des carrières de Beauport qui ont largement contribué au développement du patrimoine bâti ainsi qu’à l’économie de la région.
D’abord, une charrette et sur celle-ci deux chevaux de trait qui servent d’assise à une maison ou un moulin chapeauté du Vieux-Couvent de la congrégation Notre-Dame.  Au sommet du clocheton pointent des ailes d’anges et des fougères, clin d’œil au vrai totem indien qui conjugue des éléments animal et végétal.

Les ailes rappellent la présence religieuse ou dans un autre ordre d’idée les plumes du costume indien. Placer au sommet de l’œuvre, la position des ailes suggère la forme symbolique de la victoire (emprunt iconographie classique de la femme ailée). L’image de la victoire souligne la position stratégique de Beauport notamment lors des tentatives d’intrusion des anglais en 1759.  Denrées printanières des indiens, la fougère évoque aussi cette période de défrichage importante dans l’histoire de Beauport pour développer et bâtir des terres propices à l’agriculture.

L’avenue Royale, première voie carrossable, est illustrée par la maison et aussi la charrette (le charretier et le forgeron) dont les roues, au motif d’engrenage, participent à la réflexion sur les épisodes industriels de la région (les ouvriers).  Les chevaux de trait évoquent l’agriculture (le fermier), activité qui a été longtemps privilégiée. La nature sauvage est aussi tout près comme en témoigne la fougère (indiens, défricheurs et bucherons).Sillery

Des tipis aux structures de bois ; des feuilles de chêne* aux canots, des canots à la maison des Jésuites ; de l’église Saint-Michel à cette végétation luxuriante qui semble déborder de son clocher. C’est ainsi que se distingue ce totem marqué par la présence des indiens ; des institutions religieuses ; de son paysage boisé et de la proximité du fleuve qui en a fait un lieu prisé.
L’Église Saint-Michel au sommet de la sculpture pointe le ciel, icone de cet arrondissement historique. Orné de frêne, le clocher s’entremêle à la végétation qui occupe une place importante dans ce secteur. Deux feuilles de chêne soulignent l’apport important de cette essence noble utilisée dans la construction de navire notamment à Sillery Cove durant les années 1856.
La sculpture est déposée sur un bloc de pierre fait de grès de Cacouna. Ce grès rappelle le grès de Sillery, pierre naturelle locale utilisée dans la construction. La pierre polie se
teinte de vert, clin d’œil à la nature verdoyante. Chaque face est bordée dans le haut d’une tresse celtique gravée. Celle-ci évoque la présence des anglais ainsi que ces quelques cimetières qui ont succédé aux grands domaines.
*Pour construire un navire moyen, il fallait 2,000 chênes de cents ans d’âge ou une forêt de cinquante acres (…). Il ne faut pas être surpris de constater la disparition de cette essence au Québec. Sillery, l’an Un, 1856. Service des archives de la Ville de Siller. Biblio. Nationale du Québec. 1981. P.65

Vieux-Québec
La Basilique Notre-Dame, la Cathédrale Anglicane, la Maison Gervais-Beaudoin ; la Maison Joseph-Canac-dit-Marquis et le voilier – La Marie-Clarisse ont servi de références pour esquisser l’histoire du Vieux-Québec.
La Maison Joseph-Canac-dit-Marquis et la Maison Gervais-Beaudoin, bordées de l’escalier Casse-cou témoignent de la partie haute et basse de la Ville construites sur et au bas de la falaise.  Ces maisons témoignent de résidences urbaines de pierres datant du XIIIe avec ces murs pare-feu caractéristiques du Vieux-Québec. Des bateaux à voile se déploient sous la maison qui semble partagée entre le fleuve et ses sommets.

L’œuvre est chapeautée par les deux incontournables Cathédrale Anglicane et Basilique Notre-Dame.
Le socle est fait de pierre Saint-Marc.  Pierre fréquemment utilisée dans la fabrication des bâtiments étatiques ou religieux du Vieux-Québec.  L’idée de fortification, spécifique à cet arrondissement, est illustrée par un motif de créneau gravé dans le haut du socle.  De plus, la zone destinée au texte commémoratif a la forme d’une fenêtre en ogive.

Ce socle conserve la forme pyramidale mais, ces lignes sont légèrement arquées vers l’intérieur.  Ce qui donne un caractère noble soulignant l’importance et la place privilégié du Vieux-Québec au cœur de la Ville.

Charlesbourg

Une clôture délimite un espace carré qui sert d’appui à deux vaches sur lequel est déposée une maison.  Une petite grange entrecroise la façade de l’église St-Charles-de-Borromée.

L’aménagement distinctif du Trait-carré a servi d’inspiration pour développer l’empilement des objets.  Le village est construit autour d’un pâturage. C’est ainsi que la clôture s’est imposée pour marquer cette idée de clos.  Les vaches qui s’y appuient témoigne de l’importance de la vocation agricole des lieux.
La maison Ephrem Bédard a été choisie pour illustrer ces constructions modestes jouxtées d’une cuisine d’été ; faites de bois ; adaptées à nos conditions climatiques.

Les bâtiments secondaires demeurent des traces importantes du passé rural.  Un fragment de la grange Villeneuve-Pichette en est l’illustration.
L’emboîtement des objets les uns les autres prend tout son sens dans cette sculpture. Il contribue à l’expression de cet arrondissement dont les assises résident sur ce village développé autour d’espace commun.

La sculpture est déposée sur une base composée d’un bloc de pierre Calédonia. Cette pierre a été choisie pour sa surface tachetée au couleur de terre, brune, noire et grise.  Des lignes gravées sur la surface suggèrent les constructions de pièce sur pièce de bois et soulignent l’importance du bois dans le bâti.

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