Voir ce vidéo, j’y explique ma démarche https://vimeo.com/34266133

un peu de moi…

Je suis native du bord du fleuve, à Sainte-Luce-sur-mer. Cependant, j’ai passé mon enfance à déménager à peu près aux deux ans. Mon père était ingénieur forestier et travaillait à l’aménagement des territoires. Les années scolaires étaient parfois partagées en des lieux différents. J’ai dû m’adapter à ce rythme de vie. Rimouski, Cabano, Sainte-Luce, Québec, Trois-Rivières, Montréal… La nature a été un repère, un refuge. Chaque endroit s’offrait comme un lieu à découvrir avec son paysage urbain ou naturel. J’ai vécu deux années dans la région de Maskinongé alors que j’étais adolescente. Quitté la ville de Québec a été difficile et, vivre au bout d’un rang a été un tour de force. La campagne m’ennuyait profondément.

Petit à petit, je me suis appliquée à regarder les vaches broutées, à observer les champs au fil des saisons et surtout à analyser le nouvel ami de ma mère, Jean-Louis Frund, cinéaste animalier. Il planifiait ses activités cinématographiques trois ans d’avance. Ça me fascinait. Mon passage chez lui a été très formateur. Observer et documenter la nature était son métier. Nous avons fait le tour de la Gaspésie avec des hérons dans notre camionnette. Nous avions des souris dans un terrarium. Nous avons gardé un petit faucon quelques jours dans le salon…

Au fil des jours, la nature est devenue une source d’inspiration. Je passais des heures infinies à écrire de la poésie, à dessiner ou à observer mon environnement. L’ennui a fait place à la créativité, le silence mon allier. Depuis, j’aime anticiper ma vie trois années d’avance, me faire un plan et me projeter dans la création. Observer un lieu de vie et l’habiter me permet de renouveler mon regard. C’est ainsi que s’est développée ma démarche artistique. Une démarche résolument tournée vers la nature et la compréhension de ses écosystèmes naturelles et humains. Témoin oculaire de changements qui s’opèrent autour de moi, je fais un art qui tente de nous sensibiliser à la fragilité de la vie mais aussi à sa beauté.

 

Démarche artistique

L’étude du paysage est aussi celle de la nutrition, de la géomorphologie, de la culture et de l’histoire humaine. On remarque aujourd’hui que la présence humaine dans la nature est de plus en plus signifiante et qu’elle a largement modifiée et fragilisée les écosystèmes. Qu’advient-il des espèces et des habitats, de la nature sauvage, de l’équilibre des règnes : animal, végétal, minéral et humain ?

La référence à la nature dépend de l’angle des points de vue, des siècles, des pensées. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de nature sauvage sans évoquer la préservation; ni d’agriculture sans parler d’industrialisation et de ses conséquences. On ne peut plus parler de beauté sans soupçonner la présence du leurre, d’une génétique modifiée ou d’une domestication.

Mon travail s’inspire de ces perceptions contradictoires. Je fabrique des objets hybrides qui proposent une renature. Je tente ainsi d’actualiser notre perception afin de saisir l’urgence d’une réconciliation et d’une responsabilisation de l’homme avec les autres règnes qui partagent son univers.

Mes sculptures, souvent présentées comme des objets d’études, expriment par leur complémentarité organique in situ l’idée de cohésion propre à l’harmonie et à l’équilibre du monde.

L’équilibre des écosystèmes dépend d’un corps à corps harmonieux avec ce qui nous entoure. Par mon travail de création, je propose un regard intime sur la vie afin de saisir au mieux – cet avenir que nous sommes.

Artist’s Statement
Our relationship with nature is dependent on the conjunction of individual perspectives, centuries of experience, contemporary thought.  Nowadays, one cannot think about the wilderness without also thinking about its conservation; one cannot consider agriculture without also recalling industrialisation and its consequences.  One can no longer talk of beauty without suspecting illusion, genetic modification, domestication. 

My work is inspired by these contradictory perceptions.  I create hybrid objects which inspire a fresh view of the natural world.  In so doing I try to update our perception of nature so that we accept the urgent need for a reconciliation between mankind and the other kingdoms with which we share our universe, as well as for a greater acceptance of our shared accountability.

The equilibrium of our ecosystems depends on this harmonious cohabitation between living things.  I propose an intimate look at living that asks us to seize our shared future.